« The Dune » fait décidément beaucoup parler. Comme si toute la vie du Touquet ne dépendait que de sa construction. Face à cette dramatisation, il faut peser les trois raisons avancées par le maire pour passer en force sur ce sujet.
Pour commencer, dit-il, il faut des hôtels au Touquet pour attirer du monde et faire face aux événements multiples du Palais des Congrès… Ce point peut s’entendre. Mais, outre l’offre hôtelière déjà existante, comment ignorer les quelque 1500 offres d’Airbnb sur le territoire, l’ouverture prochaine de l’hôtel Nouveau Siècle, resté fermé si longtemps sans que cela n’ait semblé gêner la mairie, et les projets de transformer le lycée hôtelier en hôtel, sans parler de ceux possibles à venir dans la forêt ? La ville est-elle condamnée à une perpétuelle fuite en avant pour payer son fonctionnement qui a pris tant de retard ? Les infrastructures, insuffisantes aujourd’hui, seront-elles à la hauteur de toujours plus d’attractivité ? Cent quarante chambres pour privilégiés méritent-elles alors la priorité qu’on leur donne et qu’on vende au secteur privé un tel terrain en sacrifiant au passage la plage et la possibilité d’y faire une piscine ? Cela pose beaucoup de questions, il faut en convenir.
Deuxième argument : j’ai toujours eu raison. Regardez les bars de plage et la place Quentovic. Or les bars de plage seront démontés à plus ou moins longue échéance, à cause de la montée inexorable des eaux. Quant à la Place Quentovic d’Edouard Denis, omniprésent dans la station, elle fait l’objet de multiples procès peu flatteurs pour la ville. Sans les remettre en cause, ces deux réalisations n’ont donc pas de valeur probante pour valider The Dune.
Pour faire taire toute résistance, le maire dit enfin : ma réélection valait referendum. Je n’ai plus à demander l’accord de la population que j’ai néanmoins le courage d’informer. La proposition 21 du programme électoral de la majorité actuelle est effectivement ainsi rédigée : « Front de mer : création en concertation avec la population d’une piscine ouverte aux Touquettois et d’un hôtel et d’un restaurant en lieu et place de l’Aqualud ». En concertation avec la population. C’est écrit. Or il y a eu découplage et on découvre aujourd’hui que la concertation était pour le front de mer mais pas pour l’hôtel…
En conclusion, le maire serait sans doute bien inspiré de revenir à son texte de 2020 et à une concertation élargie sur l’opportunité de réaliser « the Dune », car la légitimité du « referendum » est au fond fragile. Faut-il rappeler qu’en 2020 il fut élu avec seulement 33% des inscrits et 71 voix d’écart avec la liste opposante ? Cette base permet-elle vraiment de passer en force et de négliger les adversaires du projet et leurs propositions alternatives ? Si notre maire est si sûr que les Touquettois sont d’accord avec lui, pourquoi ne pas passer par un vote consultatif de la population ? C’est en effet à notre sens la seule façon de clore un débat qui risque sinon de s’enflammer dans les temps très difficiles qui viennent.
Juliette Bernard – Hervé Pierre – Sylvie Walbaum